FOOTBALL – Organiser le champion d’Europe dans neuf ans permettrait à la France de combler son retard en matière d’infrastructures…
En annonçant la candidature française pour accueillir l’Euro 2016, Bernard Laporte a aussi pointé du doigt une réelle carence: les stades de l’Hexagone sont à la traîne par rapport à leurs homologues européens. L’organisation du championnat d’Europe des nations, «c’est une occasion unique de rattrapper notre retard en matière d’infrastructures, s’enthousiasme Frédéric Thiriez, le président de la Ligue. La construction et la rénovation des stades vont bénéficier d’un grand coup d’accélérateur.» A l’image de ce qui s’est passé au Portugal pour l’Euro 2004 ou en Allemagne pour le Mondial 2006.
Pour l’Euro 2012 -qui aura lieu en Pologne et en Ukraine-, le cahier des charges prévoit huit stades, dont trois de plus de 40.000 places. Pour l’édition 2016, La Fédération française de football entend octroyer des rencontres de la première phase à des stades de plus de 40.000 places ; à plus de 50.000 pour les quarts et demi-finales ; à plus de 60.000 pour la finale. Aujourd’hui, seulement quatre stades français présentent une capacité supérieure à 40.000 places: le Stade de France, le Vélodrome à Marseille, le Parc des Princes et Gerland à Lyon. Sept possèdent plus de 30.000 places: Lens, Bordeaux, Rennes, Saint-Etienne, Toulouse, Nantes et Montpellier.
Depuis la Coupe du monde 1998, les infrastructures ont en effet été peu renovées. 20minutes.fr fait son tour de France des stades.
A Lille, le Grand Stade est un serpent de mer
L’Arlésienne habite à Lille. Depuis 2004, les Dogues ont délaissé Grimonprez-Jooris et évoluent au Stadium Nord de Villeneuve-d’Ascq. Sans stade d’envergure, la capitale des Flandres a enclenché depuis près de deux ans son programme pour la construction d’un stade multi-fonctionnel susceptible d’accueillir à l’horizon 2010 quelque 50.000 spectateurs. Et une finale de Ligue des champions. «A Lille, notre potentiel public est important: le Nord – Pas-de-Calais compte 4 millions d’habitants, la Belgique est toute proche, Londres est à quatre-vingts minutes», justifie Michel Seydoux, le président du Losc.
Le site, sur les communes de Lezennes et Villeneuve-d’Ascq, est déjà choisi. Le dossier est pourtant loin d’être bouclé (loyer du club résident, budget total…). En novembre dernier, le Conseil de Communauté a acté le recours à un PPP (Partenariat Public Privé), ouvrant la voie à un dialogue compétitif avec les trois entreprises candidates à la construction de l’enceinte (Bouygues, Eiffage, Vince). Programmé à la fin 2007, la désignation du lauréat par LMCU (Lille métropole Communauté Urbaine) a été repoussé en février. Certains y voient déjà là un enterrement de première classe: en mars, les municipales devraient en effet désigner le successeur de Pierre Mauroy, dernier défenseur du Grand Stade.
A Paris, terre des sacres
Entre le Parc des Princes (44.500 places) et le Stade de France (80.000 places), la capitale ne semble pas dépourvue de stades. Ces dans ces deux enceintes que les Bleus ont d’ailleurs conquis leurs deux titres à domicile: ceux de Michel Platini avaient remporté le championnat d’Europe 1984 au Parc. Ceux de Zinédine Zidane avaient été sacrés champions du monde 1998 au Stade de France.
Si l’Euro 2016 devait avoir lieu dans l’Hexagone, la finale aurait lieu à Saint-Denis. Problème: la ligne 13 du métro menant au Stade de France est souvent bondée.
A Strasbourg, le futur stade du RCS n’attendra pas 2016
En 1998, Strasbourg avait raté le wagon de la Coupe du monde en France. La Meinau était alors jugée trop vétuste. Cette fois, le Racing compte bien remplacer son stade avant l’Euro 2016. «On veut aller le plus vite possible, confirme le président Philippe Ginestet. Ce nouveau stade de 40.000 places est avant tout une nécessité pour le club. Mais il est évident que Strasbourg, de sa part sa situation géographique et son potentiel, doit se tenir prête à être une ville hôte de cette compétition.» Le cahier des charges de l’Euro 2016 devant fixer à 40.000 places la capacité d’un stade à accueillir une rencontre du premier tour, Strasbourg serait dans les clous.
Le club alsacien va mettre sur pied une commission du futur stade en janvier, chargée de réfléchir au projet. «Car de la nature du projet dépendra son financement», explique Philippe Ginestet, qui le soumettra aux élus au 2e semestre 2008, une fois les élections municipales passées. Il sera alors temps de décider de l’emplacement de l’enceinte. Ce ne devrait pas être à la Meinau, mais peut-être à Hautepierre ou à Geispolsheim. Robert Grossmann, l’actuel président de la Communauté urbaine de Strasbourg, s’est déjà engagé -en cas de réélection et financement totalement privé- à mettre à disposition du RCS un terrain sous forme de bail emphytéotique de 30, 40 et 50 ans.
A Nantes, la Beaujoire a succédé à Marcel-Saupin
Il y eut le stade Marcel-Saupin (27.000 places). Puis la Beaujoire. Sous la houlette de Louis Fonteneau, alors président du FCNA, Nantes inaugure cette nouvelle enceinte lors de l’Euro 1984. Pour le Mondial 1998, une importante remise à neuf a été effectuée. Pour un montant total de 6,5 millions d’euros, 15.000 sièges ont été posés, l’éclairage a été amélioré, la sonorisation a été modernisée, une surveillance vidéo a été installée, vingt loges supplémentaires ont été créées, un second panneau d’affichage lumineux a été posé. Et les grillages qui entouraient le terrain ont été supprimés. Et pour la Coupe du monde de rugby 2007? «Une nouvelle sono, deux écrans géants, une infirmerie très moderne de 200 m2 et la rénovation des deux vestiaires», dixit Luc Delatour, responsable des compétitions au FC Nantes.
C’est dans ce stade de 38.000 places que le 17 octobre dernier, Thierry Henry a inscrit ses 42e et 43e buts en Bleu, face à la Lituanie (2-0). Battant au passage le record de Michel Platini.
A Bordeaux, Chaban-Delmas sera conservé
Jusqu’en 2001, le Stade Chaban-Delmas s’appelait encore le Parc Lescure. Pour le Mondial 1998, cet ancien Vélodrome classé monument historique avait subi quelques améliorations: toutes les places des deux virages (non couvertes) sont devenues assises, la tribune de presse a été agrandie.
Pour la dernière Coupe du monde de rugby, les deux vieux tableaux d’affichage ont été remplacés par deux écrans géants de 37m2 chacun. Entre-temps, la pelouse a été entièrement refaite. A priori, l’enceinte ne devrait plus subir de modifications d’ici à 2016. La grosse interrogation concerne surtout la couverture des tribunes latérales: leur toit n’est pas supporté par des piliers, et de nombreuses fissures ont fait leur apparition ces dernières années.
A Lyon, 60.000 places en périphérie
Jean-Michel Aulas en rêve. A l’horizon 2010-2011, le voeu du président de l’OL devrait être exaucé: Lyon sera doté d’un stade de 60.000 places. Il remplacera Gerland et ses quelque 41.000 places), dont les deux virages avaient été couverts à l’occasion de la Coupe du monde 1998. La nouvelle enceinte sera érigée sur le site de Décines-Montout, à l’Est de la ville. Ce qui n’est pas du goût des riverains.
Reste le délicat problème des transports, à la charge des collectivités. Pour acheminer les supporters à Décines, l’OL et le Grand Lyon misent sur l’utilisation du tramway Léa et des deux parkings (Meyzieu et Eurexpo), reliés au stade par des navettes. Une nouvelle ligne de bus sera créée entre le tramway T2 et Eurexpo. Ces aménagements devraient coûter entre 65 et 80millions d’euros.
A Toulouse, «le petit Wembley» fera l’affaire
Dans sa première configuration, le Stadium a été inauguré en 1949. Depuis, d’Importants travaux ont été réalisés en vue Mondial 1998: la toiture a été remplacée par une structure métallo-textile, ses poteaux de soutien ont été supprimés et la capacité a été portée à quelque 36.000 places. «Le petit Wembley» ne devrait a priori pas faire l’objet d’une extension.
En revanche, Olivier Sadran, le président du TFC, a déjà évoqué la création d’un stade plus accessible en banlieue. Comme Maître Aulas… Mais cela date de nombreux mois et le sujet n’est plus revenu sur le tapis depuis.
A Marseille, vers un Vélodrome entièrement couvert
De 45.000 à 60.000 places, moyennant quelque 68 millions d’euros. Il y a neuf ans, le Stade-Vélodrome avait vu sa capacité considérablement augmenter. Mais depuis, seule la tribune Jean-Bouin est couverte. Les autres sont ouvertes au Mistral. Pour y remédier, la mairie envisage de couvrir tout le stade, de créer 3.000m2 de loges et de porter la capacité d’accueil à 80.000 personnes. L’nstallation d’un système photovoltaïque, permettant de fournir une énergie propre grâce à des capteurs solaires, est également à l’étude.
«La réflexion est en bonne voie, a récemment indiqué Jean-Claude Gaudin, le maire UMP de Marseille. Elle devrait aboutir d’ici à la fin décembre.» Les travaux pourraient donc débuter en 2008, pour livraison prévue entre 2010 et 2012. Ce projet coûterait entre 120 et 170 millions d’euros. Il bénéficierait d’un partenariat public-privé.
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